mercredi 16 juillet 2014

Centenaire de 1914. La Poésie en Guerre. "La Grande Pitié" de Philéas LEBESGUE, poète cher à André Gide.




Histoire de mon exemplaire de « la Grande Pitié » de Philéas LEBESGUES.[1]

Acheté dans quel marché aux puces sous quelle librairie de livres anciens ou d’occasion ? Je ne le sais plus.

Mais portant sur sa troisième de couverture, au-dessus du rappel médian et isolé de son titre : « La Grande Pitié », une dédicace de l’auteur :

« A Monsieur F., En toute fraternité française et en souvenir ému de la noble Alsace. De tout cœur. »

Une dédicace qui ne semble ni de circonstance, ni d’obligation mais fait penser à une relation au moins amicale peut-être même à d’importants souvenirs partagés.

On s’attend à une réciprocité de sentiments de la part de Monsieur F.

L’introduction, qui se nomme ici « Liminaire », compte trois textes poétiques à la versification très libre qui m’ont demandé l’usage d’un coupe-papier pour en séparer les pages vierges de toute lecture.
La première partie comporte de beaux mouvements musicaux et l’usage entremêlé de l’assonance et de la rime, celui du mètre régulier (notamment l’alexandrin) ou désarticulé, voire celui de vers inusités (certains diraient inexistants) dans notre langue telle que ceux de 13 et 15 pieds mais qui ne nuit jamais à la musicalité ou au sens du poème. Ainsi de ce numéro «VII-Nuits de Juillet » qui m’impressionne.

Dans la seconde partie, à l’exception de trois feuillets qui permettaient la lecture des vers qui s’y trouvaient enclos, il m’a fallu à nouveau recourir à mon coupe-papier et en user jusqu’à la page 120 c’est-à-dire au-delà de la quatrième partie de ce recueil et de son dernier texte poétique précédé de ce titre : « En Épilogue ».

Monsieur LEBESGUE appréciait-t-il plus Monsieur F. que celui-ci ses vers ?

C’est ce que laisse supposer le contraste entre la chaleur de la dédicace de l’auteur et le peu d’intérêt pour ses poèmes dont témoigne la succession de ces feuillets scellés par les plis de leur confection en 1920.

Je le regrette un peu pour Monsieur LEBESGUE dont le geste méritait mieux et beaucoup pour Monsieur F. : lui auront échappé la musicalité, la souplesse expressive et la variété d’une versification qui sait associer éléments classiques et néoclassiques, vers de tous les mètres possibles, assonances et rimes, maîtrise des cadences croissantes et décroissantes, succession proche ou lointaine des échos au service d’une grande spontanéité de sentiment et d’émotion dans la plupart de ces textes évoquant de terribles situations de guerre.


[1] Philéas LEBESGUES (1869 – 1958) est à la fois poète (« La Grande Pitié », qui rassemble des textes écrits pendant la période 1914 – 1918 et publiés en 1920, est l'un de ses recueils de vers), essayiste, romancier, et chroniqueur au « Mercure de France ». Il est également connu pour sa participation au mouvement de renouveau celtique en France entre 1911 et 1939.

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